Clément Mansion, architecte associé chez Chabanne, nous parle de "chronotopie". Il explique l'importance de concevoir des lieux polyvalents et partage sa vision des enjeux liés à la mixité des usages.

Qu’est-ce que le concept de chronotopie ?

Clément Mansion : Si l’on compte les vacances et week-end, nos équipements publics comme les écoles sont ouverts un jour sur deux dans l’année. Sans compter les soirées où ils pourraient aisément accueillir des associations, des riverains ou des cours du soir. Nos équipements publics sont d’importants investissements et ne sont utilisés qu’à 50% de leurs capacités. Chez Chabanne, nous concevons les espaces pour qu’ils puissent accueillir différents publics, à différents moments, avec différentes utilisations. Le mot d’ordre : chronotopie.

Chronos : le temps, topos : le lieu.
Un même lieu, deux activités différentes.

 

Comment et pourquoi concevoir un lieu aux multiples usages ?

CM : Les communes, département et régions s’ouvrent aujourd’hui à une utilisation polyvalente des fonctions misent place dans leurs équipements : avant, un lycée, un collège ou une école était un lieu unique et dédié. Aujourd’hui, les espaces s’ouvrent à d’autres utilisations. Il y est donc nécessaire de réinventer notre façon de concevoir, de repenser les accès, de repositionner les espaces pour favoriser cette mixité des usages.

Au-delà des lieux d’enseignement, les équipements de sports et de loisir n’échappent pas à la règle. Un stade de football reste vide 28 jours sur 31, il faut donc le penser différemment. Les arènes que nous concevons sont des lieux de sport mais aussi de théâtre par exemple. Pour mettre en place cette polyvalence, il faut concevoir l’arène sportive en suivant la règlementation du théâtre. La finalité est d’offrir à nos maîtrises d’ouvrage deux lieux en un.

Il en est de même pour les centres aquatiques. Aujourd’hui les bassins doivent être polyvalents : le grand bassin n’accueillera pas que les petits et grands sportifs : une fois les scolaires et les clubs partis en vacances, la demande de lignes de nage chute au profit d’activités ludiques. Le bassin doit donc pouvoir devenir bassin de loisir ou d’apprentissage par différents moyens techniques amovibles (jeux gonflables amarrés en bord du bassin, fond mobile…). Outre les usages de la halle, nos équipes se sont également penchées sur la modularité des vestiaires : été ou hiver, l’espace nécessaire pour se changer et la quantité d’affaires à stocker varie. Cet espace doit également être modulable et pouvoir s’adapter.

Plus globalement, l’économie du partage s’est accélérée avec le numérique : il est aujourd’hui possible de vérifier la disponibilité d’une salle, de la réserver via des applications, etc. Il a beaucoup de choses à inventer pour mixer les usages. Nos équipements doivent suivre et pouvoir répondre à cette nouvelle dynamique.

Les lieux existent. Autant les valoriser et s’en servir à temps plein.
Clément Mansion
Architecte associé