Chabanne conçoit l’un des plus grands complexes nautiques de France : le futur Stade Nautique de Mérignac. Cette destination, unique sur le territoire métropolitain, intégrera aussi bien des services de bien-être que des activités innovantes, et fera l’objet d’une stratégie énergétique exemplaire.

Quelle est l’ambition de ce projet ?

Franck Liechti, Responsable Pôle energétique et environnement chez Chabanne Energétique – La Métropole de Bordeaux et la Ville de Mérignac ont besoin d’un équipement à l’offre multidisciplinaire : scolaires, clubs, associations, bien être, ludique, remise en forme. Nous souhaitons y répondre en réduisant un maximum la consommation d’énergie fossile et d’eau potable ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Notre ambition est de proposer une enceinte sportive et récréative confortable, intégrée dans son environnement et exemplaire sur la qualité sanitaire de l’eau et de l’air.

Paolo Magri, Architecte chez Chabanne Architecte – Le projet veut affirmer sa présence de grand équipement public tout en proposant aux baigneurs des espaces à échelle humaine, avec une attention particulière pour les familles. Le bassin sportif, le bassin ludique et le bassin nordique offrent une grande flexibilité d’usage à l’intérieur comme à l’extérieur, et les enfants de tous âges peuvent s’épanouir avec la pataugeoire, la lagune de jeux d’eaux et le tobogan. A l’étage nous trouvons un espace fitness et bien-être avec sauna, hammam, bassins de détente, ainsi qu’un grand solarium. Enfin, un Waterjump avec 8 pistes de 5 à 10m permet de découvrir d’incroyables sensations de glisse.

 

Quels sont les enjeux d’une telle infrastructure ?

FL – Un centre nautique est un bâtiment qui consomme d’importantes quantités d’énergie et d’eau. Cela s’explique par les niveaux de température de l’eau des bassins et de l’air qu’il faut maintenir toute l’année. L’actuel Stade nautique de Mérignac a 50 ans : il a été construit à une époque où le pétrole n’était pas cher et où les enjeux climatiques n’étaient pas pris en compte. Aujourd’hui, la situation est complètement différente : il n’est plus possible de construire un centre aquatique sans intégrer une réflexion sur l’empreinte carbone, l’utilisation des ressources naturelles et le coût global du projet. Le nouveau Stade Nautique intègre donc tous ces enjeux !

 

Comment y répondez-vous ?

PM – La lumière et les apports thermiques sont une des principales sources de confort pour les baigneurs. Si le grand bassin est orienté de manière que la lumière vienne latéralement aux gradins, les plages ludiques à l’angle sud apprécieront d’être plein soleil toute la journée. Les façades du projet traduisent une conception bioclimatique : les pleins et les ouvertures s’inversent entre la façade nord minérale et la façade sud transparente. Le projet se tourne vers le soleil pour offrir un grand confort aux baigneurs.

FL – Notre conception s’attache d’abord à réduire les besoins : la sobriété avant tout ; certains choix techniques forts, comme la filtration à diatomée permettant de réduire de 80% les consommations d’eau ! Puis, nous cherchons à récupérer, à recycler, à réutiliser un maximum les ressources utilisées : des récupérations de chaleur sont prévues sur l’air et sur le process (déshumidification) et l’eau des pédiluves est recyclée pour alimenter les sanitaires. Il s’agit de réemployer avant de consommer.

L’énergie provient en priorité de récupération et de recyclage, puis de la géothermie, et enfin du réseau de chaleur à 80% renouvelable. Les émissions de CO2 sont au final divisées par 3 par rapport au même projet sans énergies renouvelables !
Franck Liechti
Responsable Pôle energétique et environnement

PM : La stratégie énergétique de ce projet répond aux enjeux de notre société, car nous avons privilégié les énergies renouvelables et locales. La production de chaleur et de froid se fait par le recours au réseau de chaleur en cours de développement à Mérignac, dont la chaufferie de 14 MW alimentée en biomasse qui sera construite sur la parcelle voisine à notre stade nautique. Le mix énergétique est complété par le recours à la géothermie et enfin avec la mise en place d’une production photovoltaïque dont l’électricité est utilisée pour alimenter une partie de nos installations. Ceci est bien évidemment accompagné par une conception performante du bâtiment (isolation thermique, conception bioclimatique).

FL : En résumé, l’énergie provient en priorité de récupération et de recyclage, puis de la géothermie, et enfin du réseau de chaleur à 80% renouvelable. Les émissions de CO2 sont au final divisées par 3 par rapport au même projet sans énergies renouvelables ! En complément de ces éléments très « techniques », nous avons également travaillé sur la végétalisation des toitures et des espaces extérieurs, plages et parking. Nous cherchons toujours à réduire l’imperméabilisation des sites et à prendre en compte la biodiversité. Nous calculons par exemple le coefficient de biotope sur chaque projet : c’est la surface compatible avec la biodiversité.

 

Le chantier a débuté en octobre avec un premier forage géothermique. Quel est l’objectif de cette première phase de travaux ? 

PM – Ce forage en cours de réalisation est un forage test qui a vocation à réaliser des prélèvements plus précis et plus longs que ceux réalisés dans le cadre des études préalables. Ces différents prélèvements permettront d’analyser les caractéristiques de la nappe dans laquelle nous allons effectuer les prélèvements pour notre production énergétique, afin de confirmer l’ensemble des hypothèses prises dans le cadre des études menées par Chabanne Ingénierie avec l’appui du bureau d’études hydrogéologique et géothermique Stratégéo qui nous accompagne.

FL – Il s’agit d’un travail d’expert, qui repose sur une bibliographie importante et une connaissance du sous-sol très poussée, mais rien ne remplace le terrain et il est obligatoire de passer par une phase de test afin de valider définitivement les paramètres de la nappe. Il sera question de vérifier la profondeur de la nappe, son débit, sa température et également ses caractéristiques chimiques. Des essais de pompages seront également réalisés afin d’observer l’impact du puisage sur la nappe. Il est primordial de s’assurer de la pérennité de cette solution dans le temps. En fonction des résultats de ce forage, nos hypothèses seront validées ou affinées pour dimensionner la meilleure installation possible.

 

Comment fonctionne la géothermie sur nappe ? Quel est l’avantage de cette technique ?

FL – La géothermie est l’utilisation de la chaleur de la Terre. Dans le cas d’une géothermie sur nappe, c’est la chaleur d’une nappe phréatique qui est utilisée.

PM – Cette solution permet d’avoir recours au potentiel énergétique qui se trouve sous nos pieds, en prélevant, à 120 m de profondeur, une eau dont la température est quasiment constante tout au long de l’année et de récupérer les calories disponibles dans cette eau afin de chauffer ou refroidir, selon nos besoins, l’eau de notre bâtiment qui alimente les installations.

FL – Nous allons réaliser deux forages dans le sens d’écoulement de la nappe : le premier – celui qui est en cours de réalisation pour les tests – servira à puiser l’eau de la nappe et le second sera utilisé pour réinjecter l’eau dans son aquifère environ 100m en aval. A savoir que toute l’eau puisée dans la nappe est ensuite réinjectée : il n’y a donc aucun effet sur la quantité d’eau disponible pour d’autres usages. Entre les deux forages (production et réinjection), un échangeur et une pompe à chaleur vont prélever la chaleur ou le froid de la nappe et les transférer au bâtiment.

PM – Grâce à la mise en place d’une « thermofrigopompe », nous pouvons aussi bien produire de l’eau chaude ou de l’eau glacée, ainsi que les deux en simultané, et donc chauffer ou refroidir le bâtiment.

FL – Le rendement dans ce fonctionnement s’envole et peut atteindre 700% : c’est-à-dire que pour 1 kWh consommé d’électricité, il sera produit 7kWh (4kWh de chaud et 3kWh de froid) ! Cette solution est durable, fiable, compétitive en coût global et propre.

 

Comment appréhendez-vous le suivi et le pilotage de la performance énergétique du bâtiment ? 

 FL – Effectivement, c’est un point important. Ce marché a une forme particulière puisqu’il s’agit d’une concession pour laquelle nous avons estimé les consommations de fluides pour les 20 prochaines années. Le projet entre dans une phase déterminante pour l’atteinte de la performance avec le démarrage du chantier réalisé par Eiffage construction et Dalkia. Nous allons suivre le chantier, valider les sélections de produits et équipements et vérifier leur bonne mise en œuvre. Nous assisterons également aux tests, essais et réglages au moment de la livraison du stade nautique, et nous continuerons à être impliqués dans le suivi et l’atteinte des performances pendant 2 ans. C’est vraiment très important pour nous de suivre un projet depuis les premiers traits de crayons de l’architecte jusqu’au premières opérations de maintenance. Cela nourrit nos retours d’expériences et permet à toute l’agence Chabanne de progresser.